Paul-Émile Victor ethnologue préférait le dessin à la photographie car, disait-il, il y a toujours, dans un coin ou à l'arrière-plan d'une photo, un détail qui distrait de ce que l'on veut montrer.
Cela ne l'a pas empêché d'avoir un appareil photos très tôt, notamment lors de ses séjours ethnologiques d'avant-guerre au Groenland. Il en a rapporté des centaines de clichés, variés, vivants, chaleureux, illustrant parfaitement son idée que l'ethnologie devait être « amoureuse », comme on est amoureux d'une femme.
Dès sa première expédition, en 1934, il emmène avec lui un cinéaste, Fred Matter-Steveniers, qui tournera un certain nombre d'images de la vie des Inuits d'Ammassalik. À la fin du printemps 1936, Paul-Émile Victor filme la “TransGroenland“ qu'il effectue d'ouest en est avec trois compagnons, mais les images seront irrémédiablement perdues lors du naufrage du Pourquoi-Pas ? du commandant Charcot, en septembre de la même année. Un film de 26 minutes cependant a survécu à toutes ces difficultés : Quatre du Groenland.
À partir de 1947 et la création des Expédition polaires françaises, on peut dire que le film et le reportage ont été parties prenantes de chaque expédition, trouvant souvent leur place dans les « Actualités » projetées en première partie de tous les films au cinéma.