L'homme

Le dessinateur

Tous ceux qui ont connu Paul-Émile Victor de près ou de loin s’en souviennent : il a toujours dessiné.

Croquis ethnologiques au Groenland, saynètes inspirées de la vie quotidienne civile ou en expédition, gribouillages en réunion ou au téléphone - une oreille à ce qui se dit et un œil à ce qui naît sous son stylo…

"Dis-moi ce que tu dessines, je te dirai qui tu es"…

Multiples morceaux du puzzle de sa personnalité, ses dessins portent en eux ce qu'il a été. Tendres et jamais méchants, ils transpirent l’humanité. Précis et vivants, ils prouvent son sens de l’observation. Colorés et foisonnants, ils font éclater son indéfectible force vitale - celle qu'il allait chercher en lui pour se relever là où il était tombé. Fantaisistes et même loufoques, ils montrent aussi combien il savait ne pas se prendre au sérieux.

Inspirés par d’autres peintres ou originaux, les dessins de PEV sont le fruit de son insatiable curiosité et de son ouverture constante à autre chose.

Le crayon à papier, le stylo bille, la plume, le crayon de couleur sec ou gras, le stylo feutre, la peinture, l’encre brute, la colle liquide…

Tout essayer, tout tenter. Pour apprendre, pour comprendre, mais aussi, pour s’amuser… Au risque de partir dans tous les sens - ce dont Paul-Émile Victor était d’ailleurs parfaitement conscient : il avait créé, non sans humour, un mouvement artistique (où il était tout seul) qu'il avait dénommé “Acanthomisme“ parce que « la feuille d’acanthe (que tout le monde connaît pour son utilisation en ornementation architecturale) est une plante à feuilles largement découpées symbolisant une démarche multiple dans toutes les directions. »

Explorateur de terre(s) et d'art(s), Paul-Émile Victor est avant tout un “regardeur“ qui a toujours cherché à ouvrir le champ des possibles.

C'est ainsi qu'il créa ses “doudlinges“ : des dessins quasi automatiques qu'il laissait naître sous son stylo, dans un coin ou sur un verso de feuille, au cours des nombreuses réunions professionnelles, souvent internationales, auxquelles il devait assister.

« Ces doudlinges n'étaient pas des gribouillis. Quand j'en prenais conscience, je découvrais avec étonnement des enchevêtrements de petits monstres ou des êtres incompréhensibles, une sorte de bestiaire fantastique. Ces élucubrations n'étaient pas quelconques, à en juger par le succès qu'elles rencontraient auprès de mes voisins qui, toujours, me les demandaient en fin de séances. » Paul-Émile Victor

Plus tard, il en créa de plus grand format et n'oublia pas de les légender, souvent avec humour. Il écrira en 1982 : "Dessins, croquis et autres doudlinges, m'aident souvent à me situer dans le contexte multiple et complexe qu'est une vie."

Pour en savoir plus
  • Paul-Émile Victor, Voyage(s) d’un humaniste – Dessins, croquis et autres doudlinges, Ouest-France 2006 - recueil de dessins